La vraie nature de la BCHA

Des prises de positions anti-laïques et irresponsables

2022-11-24

Suffit-il de s’opposer à la prière au Parlement canadien pour se prétendre séculier ?

Summary in English Is it enough to oppose the recitation of prayer in the Canadian Parliament in order to support secularism?

Dans le texte Le Parlement fédéral ne respecte pas la Charte, paru dans Le Devoir le 15 septembre 2022, nous apprenons que l’Association des humanistes de la Colombie-Britannique (BCHA ou British Columbia Humanist Association) s’oppose à la prière à la Chambre des communes. C’est très bien. S’agit-il d’une association alliée des laïques québécois ? Dans le même texte, l’auteure dénonce aussi l’incompréhension des députés fédéraux à l’égard de la Loi 21.

Ce qui n’est pas mentionné dans ce texte, c’est que cette même BCHA s’oppose, elle aussi, à la Loi 21. Non seulement cela, mais cette BCHA est parmi les opposants les plus farouches et les plus toxiques de la Loi 21, malgré sa prétention d’appuyer le sécularisme. En effet, cette association accuse la Loi 21 de vouloir imposer « le contrôle du gouvernement sur les choix vestimentaires personnels des individus ». Apparemment, cette association juge que les uniformes seraient incompatibles avec l’humanisme. Les officiers de police (hommes ou femmes) devraient-ils avoir des « choix vestimentaires personnels » lorsqu’ils s’habillent pour aller travailler ? La BCHA prend une position extrême, s’opposant même à l’interdiction du port du couvre-visage par les fonctionnaires au travail.

La BCHA préconise l’oxymorique « multiculturalisme séculier ». Selon elle, la critique du terme « islamophobie » ne serait que de la pédanterie. La BCHA ne s’oppose pas à la motion M-103 qui confond « islamophobie » et « racisme ».

La critique que fait la BCHA de la Loi 21 est mensongère, car l’association prétend que cette législation nuirait en particulier aux « personnes de couleur ». Selon la BCHA, le tueur de la mosquée de Québec était motivé par « l’idéologie du nationalisme blanc ». On voit que la BCHA amalgame ainsi « race » et religion, évacuant ainsi la question de la liberté de conscience que doit défendre la laïcité.

Alors, à la lumière des observations ci-dessus, la BCHA serait-elle une association laïque ou séculière ? Résumons :

  • En s’opposant à la Loi 21, la BCHA s’oppose à la laïcité dans la jurisdiction même où cette laïcité fait la plus grande avancée jamais vue au Canada.
  • En permettant le port de signes religieux par les fonctionnaires, la BCHA s’oppose frontalement au principe de séparation entre religion et État, un principe qui constitue le cœur de la laïcité.
  • En permettant le port de signes religieux par les enseignants et enseignantes, la BCHA se fout de la liberté de conscience des élèves, laissant ceux-ci exposés au prosélytisme religieux en milieu scolaire.
  • En permettant le port du couvre-visage par les fonctionnaires et par les usagers de services de l’État, la BCHA endosse la propagation d’un des pires symboles de la misogynie islamiste, un signe de l’asservissement de la femme et un étendard de la culture du viol.
  • En acceptant l’usage du terme « islamophobie », la BCHA consent à la confusion entre croyances et croyants, brouillant la distinction, cruciale pour la laïcité, qui permet de respecter les droits des croyants sans compromettre le droit de critiquer les croyances.
  • En acquiesçant à l’amalgame entre « islamophobie » et « racisme », la BCHA permet ainsi aux fanatiques religieux de condamner la nécessaire critique des croyances religieuses.
  • En associant l’attaque de la mosquée de Québec au « nationalisme blanc », la BCHA cache la vraie nature de cette attaque et empêche de comprendre les causes des actes de violence contre les groupes religieux.

Le bilan est clair. S’opposer à la prière parlementaire ne suffit pas. La BCHA est non seulement une association anti-laïque et anti-seculière, ses prises de positions sont aussi carrément irresponsables car celles-ci risquent d’attiser les tensions sociales et augmenter ainsi les risques d’actes de violence à l’avenir. Au Canada, les musulmans pieux, voire intégristes, ne sont pas stigmatisés ; au contraire, ils sont privilégiés et honorés. Ce sont plutôt les partisans de la laïcité — y compris les musulmans laïques — qui sont stigmatisés et dénigrés.

De toute évidence, la tuerie à la mosquée de Québec en janvier 2017 était motivée par la peur de l’islam ou de l’islamisme, une peur tout à fait légitime mais qui s’est exprimée alors en une horrible et meurtrière attaque contre des musulmans ordinaires qui ne faisaient que pratiquer leur religion en privé dans un lieu de culte. Rappelons que la Charte de la laïcité proposée par le gouvernement péquiste est morte en avril 2014, presque trois ans avant la tuerie, tandis que la Loi 21 n’a été adoptée par le gouvernement caquiste que le 16 juin 2019, presque deux ans et demi après la tuerie. Qui était au pouvoir au Québec durant cette période de plusieurs années ? Il s’agit du Parti libéral du Québec (PLQ) que dirigeait le premier ministre Philippe Couillard, un parti qui s’est opposé farouchement aux deux projets laïques, un parti qui stigmatisait toute personne qui appuyait la laïcité, un parti qui rejetait comme de la « xénophobie » toute inquiétude à l’égard de la propagation de l’islam radical dans la société. Pendant cette période, plusieurs attentats islamistes ont eu lieu en France, en particulier l’attentat chez Charlie Hebdo en janvier 2015, le massacre au Bataclan à Paris en novembre 2015 et l’attaque au camion-bélier à Nice en juillet 2016. La peur de l’islamisme était à son comble au Québec grâce à la complaisance du PLQ. Et, je le répète, cette peur était légitime.

Quand je dis que la peur de l’islam ou de l’islamisme est justifiée, je ne confonds pas les deux. Laissons de côté pour un moment l’islamisme et ne considérons que l’islam tout court. Selon cette religion, l’apostasie, c’est-à-dire exercer sa liberté de conscience en quittant la religion, est un péché très grave et ce dogme se traduit par des lois draconiennes qui criminalisent l’apostasie dans plusieurs pays à majorité musulmane. Au fait, les apostats risquent la peine de mort dans six de ces pays. Une religion qui impose de telles violences psychiques et physiques est extrêmement dangereuse et liberticide. Il serait imprudent de ne pas en avoir peur. Nos gouvernements ont le devoir de prendre des mesures appropriées pour freiner la propagation des idéologies religieuses liberticides, par exemple en adoptant de la législation comme la Loi 21 au Québec.

Si la Charte de la laïcité proposée par le PQ ou la Loi 21 adoptée par la CAQ avait été en vigueur en début 2017, cette tuerie à Québec aurait probablement pu être évitée, car une telle loi aurait indiqué à la population que son gouvernement agit contre la menace islamiste. Au moins, les lanceurs d’alerte et les partisans de la laïcité n’auraient pas été aussi stigmatisés par un gouvernement fainéant et irresponsable comme celui du PLQ.

En occultant la nature et le contexte de cette attaque, la BCHA affiche un comportement aussi irresponsable que celui du gouvernement Couillard. Comprenez-moi bien, je n’accuse personne d’être littéralement « complice » de cette attaque ; une telle accusation serait hautement exagérée. De plus, les liens entre les mesures sociales et le comportement des extrémistes sont complexes, instables et ne peuvent être résumées en une simple relation de cause à effet. Tout de même, si on veut réellement réduire les risques que de tels gestes d’extrême violence ne se reproduisent, il est évident que les mesures suivantes sont à conseiller :

  • Cesser de véhiculer la désinformation au sujet de la Loi 21 (p.ex., le mensonge qu’elle serait « discriminatoire ») et cesser de vilipender ceux et celles qui l’appuient.
  • Répudier la motion M-103 afin de rejeter le terme tendancieux « islamophobie » et casser le faux amalgame entre appartenance religieuse et race, pour ne plus faciliter la tâche aux propagandistes islamistes.
  • Couper toute subvention publique aux associations islamiques — comme celles accordées à la Muslim Association of Canada — pour que l’argent des contribuables ne serve plus à permettre à ces associations d’instrumentaliser la mouvance antiraciste afin de promouvoir l’islam.

Liens vers les prises de position BCHA

  • Opposition à la Loi 21 : Reiterating our opposition to Quebec’s Bill 21
    “Bill 21, as it stands, invokes government control over the personal clothing choices of individuals and therefore stands in opposition to Humanism’s principles; therefore, we oppose Quebec’s Bill 21.”
    (« La Loi 21, telle qu’elle est écrite, impose le contrôle du gouvernement sur les choix vestimentaires personnels des individus et s’oppose donc aux principes de l’humanisme ; par conséquent, nous nous opposons à la Loi 21 du Québec. »)
  • Allégation de « racisme » contre la Loi 21 : Quebec’s “state laicity” law undermines secularism
    “[…]these quasi-authoritarian measures will fall disproportionately on women, immigrants, members of minority faiths and people of colour.”
    (« […]ces mesures quasi autoritaires toucheront de manière disproportionnée les femmes, les immigrés, les membres de confessions minoritaires et les personnes de couleur. »)
  • Opposition à l’interdiction du port de couvre-visage : Recognizing Discrimination against the Nonreligious
    “Some in Quebec have argued this prohibition is consistent with secularism but we, and other secular organizations, strongly reject this argument.”
    (« Certains au Québec ont fait valoir que cette interdiction est conforme au sécularisme, mais nous, et d’autres organisations séculières, rejetons fermement cet argument. »)
  • Promotion du soi-disant « multiculturalisme séculier » : Recognizing Discrimination against the Nonreligious
    “While laïcité shares many aspects with English Canada’s secular multiculturalism, it often takes a more anti-religious flavour.”
    (« Alors que la laïcité partage de nombreux aspects avec le multiculturalisme séculier du Canada anglais, elle prend souvent une saveur plus anti-religieuse. »)
  • Complaisance à l’égard de la motion M-103 : Recognizing Discrimination against the Nonreligious
    “[…]we do not believe it’s this government’s intent to stifle honest criticism of radical strains of Islam or religion more generally. We are concerned though that the extreme rhetoric around this ultimately pedantic point risks dwarfing other important issues surrounding systemic racism and religious (and nonreligious) discrimination before the committee.”
    (« […]nous ne croyons pas que ce gouvernement ait l’intention d’étouffer les critiques honnêtes des tendances radicales de l’islam ou de la religion en général. Nous craignons cependant que la rhétorique extrême autour de ce point finalement pédant risque d’éclipser d’autres questions importantes entourant le racisme systémique et la discrimination religieuse (et non religieuse) devant le comité. »)
  • Allégations d’« idéologie nationaliste blanche » dans un contexte religieux : 1.7 White Nationalism is Anathema to Humanism
    “[…]we are deeply concerned about the string of recent attacks in Norway, Quebec City, Charlottesville, Christchurch and elsewhere that were motivated by white nationalist ideology.”
    (« […]nous sommes profondément préoccupés par la série d’attaques récentes en Norvège, à Québec, à Charlottesville, à Christchurch et ailleurs, motivées par l’idéologie nationaliste blanche. »)

Next blog: Bias in 2021 Election Leaders’ Debate