Book Launch Stillbirth

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Book Launch: Stillbirth
The Failure of Secularism in the English-Speaking World

How Anglo Ethnocentrism,
French Postmodernism and
Fashionable Nonsense have Neutralized Secularism
by David Rand — Foreword by Nina Sankari

Wednesday 18th January 2023 @ 6:00 pm
Librairie Le Port de tête
262 Avenue du Mont-Royal Est, Montréal

Métro Mont-Royal

The book is in English.
The launch event will be in French and English.
The book will be available at the bookstore
about a week previous to the launch event.

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La vraie nature de la BCHA

Des prises de positions anti-laïques et irresponsables

2022-11-24

Suffit-il de s’opposer à la prière au Parlement canadien pour se prétendre séculier ?

Summary in English Is it enough to oppose the recitation of prayer in the Canadian Parliament in order to support secularism?

Dans le texte Le Parlement fédéral ne respecte pas la Charte, paru dans Le Devoir le 15 septembre 2022, nous apprenons que l’Association des humanistes de la Colombie-Britannique (BCHA ou British Columbia Humanist Association) s’oppose à la prière à la Chambre des communes. C’est très bien. S’agit-il d’une association alliée des laïques québécois ? Dans le même texte, l’auteure dénonce aussi l’incompréhension des députés fédéraux à l’égard de la Loi 21.

Ce qui n’est pas mentionné dans ce texte, c’est que cette même BCHA s’oppose, elle aussi, à la Loi 21. Non seulement cela, mais cette BCHA est parmi les opposants les plus farouches et les plus toxiques de la Loi 21, malgré sa prétention d’appuyer le sécularisme. En effet, cette association accuse la Loi 21 de vouloir imposer « le contrôle du gouvernement sur les choix vestimentaires personnels des individus ». Apparemment, cette association juge que les uniformes seraient incompatibles avec l’humanisme. Les officiers de police (hommes ou femmes) devraient-ils avoir des « choix vestimentaires personnels » lorsqu’ils s’habillent pour aller travailler ? La BCHA prend une position extrême, s’opposant même à l’interdiction du port du couvre-visage par les fonctionnaires au travail.

La BCHA préconise l’oxymorique « multiculturalisme séculier ». Selon elle, la critique du terme « islamophobie » ne serait que de la pédanterie. La BCHA ne s’oppose pas à la motion M-103 qui confond « islamophobie » et « racisme ».

La critique que fait la BCHA de la Loi 21 est mensongère, car l’association prétend que cette législation nuirait en particulier aux « personnes de couleur ». Selon la BCHA, le tueur de la mosquée de Québec était motivé par « l’idéologie du nationalisme blanc ». On voit que la BCHA amalgame ainsi « race » et religion, évacuant ainsi la question de la liberté de conscience que doit défendre la laïcité.

Alors, à la lumière des observations ci-dessus, la BCHA serait-elle une association laïque ou séculière ? Résumons :

  • En s’opposant à la Loi 21, la BCHA s’oppose à la laïcité dans la jurisdiction même où cette laïcité fait la plus grande avancée jamais vue au Canada.
  • En permettant le port de signes religieux par les fonctionnaires, la BCHA s’oppose frontalement au principe de séparation entre religion et État, un principe qui constitue le cœur de la laïcité.
  • En permettant le port de signes religieux par les enseignants et enseignantes, la BCHA se fout de la liberté de conscience des élèves, laissant ceux-ci exposés au prosélytisme religieux en milieu scolaire.
  • En permettant le port du couvre-visage par les fonctionnaires et par les usagers de services de l’État, la BCHA endosse la propagation d’un des pires symboles de la misogynie islamiste, un signe de l’asservissement de la femme et un étendard de la culture du viol.
  • En acceptant l’usage du terme « islamophobie », la BCHA consent à la confusion entre croyances et croyants, brouillant la distinction, cruciale pour la laïcité, qui permet de respecter les droits des croyants sans compromettre le droit de critiquer les croyances.
  • En acquiesçant à l’amalgame entre « islamophobie » et « racisme », la BCHA permet ainsi aux fanatiques religieux de condamner la nécessaire critique des croyances religieuses.
  • En associant l’attaque de la mosquée de Québec au « nationalisme blanc », la BCHA cache la vraie nature de cette attaque et empêche de comprendre les causes des actes de violence contre les groupes religieux.

Le bilan est clair. S’opposer à la prière parlementaire ne suffit pas. La BCHA est non seulement une association anti-laïque et anti-seculière, ses prises de positions sont aussi carrément irresponsables car celles-ci risquent d’attiser les tensions sociales et augmenter ainsi les risques d’actes de violence à l’avenir. Au Canada, les musulmans pieux, voire intégristes, ne sont pas stigmatisés ; au contraire, ils sont privilégiés et honorés. Ce sont plutôt les partisans de la laïcité — y compris les musulmans laïques — qui sont stigmatisés et dénigrés.

De toute évidence, la tuerie à la mosquée de Québec en janvier 2017 était motivée par la peur de l’islam ou de l’islamisme, une peur tout à fait légitime mais qui s’est exprimée alors en une horrible et meurtrière attaque contre des musulmans ordinaires qui ne faisaient que pratiquer leur religion en privé dans un lieu de culte. Rappelons que la Charte de la laïcité proposée par le gouvernement péquiste est morte en avril 2014, presque trois ans avant la tuerie, tandis que la Loi 21 n’a été adoptée par le gouvernement caquiste que le 16 juin 2019, presque deux ans et demi après la tuerie. Qui était au pouvoir au Québec durant cette période de plusieurs années ? Il s’agit du Parti libéral du Québec (PLQ) que dirigeait le premier ministre Philippe Couillard, un parti qui s’est opposé farouchement aux deux projets laïques, un parti qui stigmatisait toute personne qui appuyait la laïcité, un parti qui rejetait comme de la « xénophobie » toute inquiétude à l’égard de la propagation de l’islam radical dans la société. Pendant cette période, plusieurs attentats islamistes ont eu lieu en France, en particulier l’attentat chez Charlie Hebdo en janvier 2015, le massacre au Bataclan à Paris en novembre 2015 et l’attaque au camion-bélier à Nice en juillet 2016. La peur de l’islamisme était à son comble au Québec grâce à la complaisance du PLQ. Et, je le répète, cette peur était légitime.

Quand je dis que la peur de l’islam ou de l’islamisme est justifiée, je ne confonds pas les deux. Laissons de côté pour un moment l’islamisme et ne considérons que l’islam tout court. Selon cette religion, l’apostasie, c’est-à-dire exercer sa liberté de conscience en quittant la religion, est un péché très grave et ce dogme se traduit par des lois draconiennes qui criminalisent l’apostasie dans plusieurs pays à majorité musulmane. Au fait, les apostats risquent la peine de mort dans six de ces pays. Une religion qui impose de telles violences psychiques et physiques est extrêmement dangereuse et liberticide. Il serait imprudent de ne pas en avoir peur. Nos gouvernements ont le devoir de prendre des mesures appropriées pour freiner la propagation des idéologies religieuses liberticides, par exemple en adoptant de la législation comme la Loi 21 au Québec.

Si la Charte de la laïcité proposée par le PQ ou la Loi 21 adoptée par la CAQ avait été en vigueur en début 2017, cette tuerie à Québec aurait probablement pu être évitée, car une telle loi aurait indiqué à la population que son gouvernement agit contre la menace islamiste. Au moins, les lanceurs d’alerte et les partisans de la laïcité n’auraient pas été aussi stigmatisés par un gouvernement fainéant et irresponsable comme celui du PLQ.

En occultant la nature et le contexte de cette attaque, la BCHA affiche un comportement aussi irresponsable que celui du gouvernement Couillard. Comprenez-moi bien, je n’accuse personne d’être littéralement « complice » de cette attaque ; une telle accusation serait hautement exagérée. De plus, les liens entre les mesures sociales et le comportement des extrémistes sont complexes, instables et ne peuvent être résumées en une simple relation de cause à effet. Tout de même, si on veut réellement réduire les risques que de tels gestes d’extrême violence ne se reproduisent, il est évident que les mesures suivantes sont à conseiller :

  • Cesser de véhiculer la désinformation au sujet de la Loi 21 (p.ex., le mensonge qu’elle serait « discriminatoire ») et cesser de vilipender ceux et celles qui l’appuient.
  • Répudier la motion M-103 afin de rejeter le terme tendancieux « islamophobie » et casser le faux amalgame entre appartenance religieuse et race, pour ne plus faciliter la tâche aux propagandistes islamistes.
  • Couper toute subvention publique aux associations islamiques — comme celles accordées à la Muslim Association of Canada — pour que l’argent des contribuables ne serve plus à permettre à ces associations d’instrumentaliser la mouvance antiraciste afin de promouvoir l’islam.

Liens vers les prises de position BCHA

  • Opposition à la Loi 21 : Reiterating our opposition to Quebec’s Bill 21
    “Bill 21, as it stands, invokes government control over the personal clothing choices of individuals and therefore stands in opposition to Humanism’s principles; therefore, we oppose Quebec’s Bill 21.”
    (« La Loi 21, telle qu’elle est écrite, impose le contrôle du gouvernement sur les choix vestimentaires personnels des individus et s’oppose donc aux principes de l’humanisme ; par conséquent, nous nous opposons à la Loi 21 du Québec. »)
  • Allégation de « racisme » contre la Loi 21 : Quebec’s “state laicity” law undermines secularism
    “[…]these quasi-authoritarian measures will fall disproportionately on women, immigrants, members of minority faiths and people of colour.”
    (« […]ces mesures quasi autoritaires toucheront de manière disproportionnée les femmes, les immigrés, les membres de confessions minoritaires et les personnes de couleur. »)
  • Opposition à l’interdiction du port de couvre-visage : Recognizing Discrimination against the Nonreligious
    “Some in Quebec have argued this prohibition is consistent with secularism but we, and other secular organizations, strongly reject this argument.”
    (« Certains au Québec ont fait valoir que cette interdiction est conforme au sécularisme, mais nous, et d’autres organisations séculières, rejetons fermement cet argument. »)
  • Promotion du soi-disant « multiculturalisme séculier » : Recognizing Discrimination against the Nonreligious
    “While laïcité shares many aspects with English Canada’s secular multiculturalism, it often takes a more anti-religious flavour.”
    (« Alors que la laïcité partage de nombreux aspects avec le multiculturalisme séculier du Canada anglais, elle prend souvent une saveur plus anti-religieuse. »)
  • Complaisance à l’égard de la motion M-103 : Recognizing Discrimination against the Nonreligious
    “[…]we do not believe it’s this government’s intent to stifle honest criticism of radical strains of Islam or religion more generally. We are concerned though that the extreme rhetoric around this ultimately pedantic point risks dwarfing other important issues surrounding systemic racism and religious (and nonreligious) discrimination before the committee.”
    (« […]nous ne croyons pas que ce gouvernement ait l’intention d’étouffer les critiques honnêtes des tendances radicales de l’islam ou de la religion en général. Nous craignons cependant que la rhétorique extrême autour de ce point finalement pédant risque d’éclipser d’autres questions importantes entourant le racisme systémique et la discrimination religieuse (et non religieuse) devant le comité. »)
  • Allégations d’« idéologie nationaliste blanche » dans un contexte religieux : 1.7 White Nationalism is Anathema to Humanism
    “[…]we are deeply concerned about the string of recent attacks in Norway, Quebec City, Charlottesville, Christchurch and elsewhere that were motivated by white nationalist ideology.”
    (« […]nous sommes profondément préoccupés par la série d’attaques récentes en Norvège, à Québec, à Charlottesville, à Christchurch et ailleurs, motivées par l’idéologie nationaliste blanche. »)

Next blog: Bias in 2021 Election Leaders’ Debate

Pauline Marois : Prix international de la laïcité 2022

2022-11-17, Lien ajouté 2022-11-19

Prix international de la laïcité 2022, décerné à Mme Pauline Marois, ancienne première ministre du Québec

Summary in English 2022 International Secularism Prize awarded to Madame Pauline Marois, former Premier of Quebec.

Pauline Marois, première femme à être élue première ministre du Québec (2012-2014), vient de recevoir à Paris le Prix international de la laïcité, décerné par le Comité Laïcité République (CLR), pour ses contributions à la laïcisation du Québec — d’abord la déconfessionalisation du système scolaire québécois et ensuite la Charte de la laîcité proposée par son gouvernement en 2013. Bien que ce gouvernement ait été défait en 2014, avant qu’il puisse adopter cette Charte, celle-ci a été un précurseur majeur, ouvrant la voie à la Loi 21, adoptée cinq ans plus tard par le gouvernement caquiste.

Madame Marois a souvent été la cible de campagnes de haine de la part d’antilaïques sans scrupules et de fanatiques anti-québécois, deux groupes qui se chevauchent grandement et qui sont actuellement alliés pour vilipender la Loi 21. En fait, Mme Marois a été la cible d’une tentative d’assassinat au moment même où l’on célébrait sa victoire électorale, le soir du 4 septembre 2012. L’auteur de l’attaque a raté sa cible présumée, puisque son arme s’est enrayée, mais il a néanmoins tué une personne, un technicien, et blessé grièvement une autre.

Il est en effet gratifiant que les contributions majeures de Pauline Marois à la cause de la laïcité soient maintenant reconnues internationalement.

BRAVA MADAME MAROIS !

Voici quelques extraits du discours d’acceptation de Mme Marois :

Il aura fallu attendre la fin des années 1990, au moment où j’étais ministre de l’Éducation, pour conclure de délicates négociations avec les autorités religieuses, la communauté anglophone et l’État fédéral afin de lever l’obstacle constitutionnel qui empêchait la création de commissions scolaires linguistiques francophones et anglophones.

[…]

L’État fédéral dominé par le Canada anglais se dit postcolonial, postnational et multiculturel. Paradoxalement, il considère que les seuls référents acceptables en matière de droits et libertés sont les siens. Ainsi, pour le gouvernement canadien et les médias anglophones, les décisions de la Cour européenne de justice à l’égard du port des signes religieux sont totalement discriminatoires.

[…]

Je ne vous imposerai pas l’écoute des édits religieux plus misogynes les uns que les autres, mais il me semble indéniable que les gens de gauche qui ont abandonné la défense de la laïcité ont perdu une partie de leur âme en chemin.

Entendons-nous, la laïcité ne garantit pas à elle seule la libération et l’égalité des femmes, mais elle en est un ingrédient essentiel.

[…]

En séparant clairement le savoir et les croyances, la laïcité favorise l’esprit de tolérance. Dans un État laïc et démocratique, chacun est libre de sa foi, mais les règles qui définissent l’art de vivre ensemble ne doivent pas être déterminées par des préceptes religieux.


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Next blog: 2022 International Secularism Prize awarded to Madame Pauline Marois

Inapte à être juge

2021-12-21

La nomination récente d’Azimuddin Hussain à la magistrature de la Cour supérieure du Québec révèle un parti pris extrême.

Summary in English The recent appointment of Azimuddin Hussain to the bench of Quebec Superior Court reveals extreme bias. This blog is available in English: Unworthy To Be a Judge.

Hier (20 décembre 2021) nous avons appris la nouvelle : l’avocat Azimuddin Hussain vient d’être nommé juge à la Cour supérieure du Québec. Hussain a fait la une des journaux il y a un an, lorsqu’en novembre et décembre 2020, il a représenté un opposant à la Loi 21 devant ce même tribunal. Dans ses commentaires devant la cour, Hussain a fait un parallèle bizarre entre la Loi 21 et les lois de Nuremberg adoptées par l’Allemagne nazie en 1935. En somme, Hussain a observé que les lois de Nuremberg ont conduit au génocide et à l’holocauste, laissant ainsi comprendre que cette Loi 21 pourrait avoir des conséquences aussi néfastes.

Rappelons que les lois de Nuremberg refusaient la citoyenneté allemande aux Juifs (ainsi qu’aux Roms et aux Noirs) et interdisaient les mariages mixtes et les relations extraconjugales entre Juifs et Allemands. Par contre, la Loi 21 exige que certains fonctionnaires et enseignants retirent, lorsqu’ils sont au travail, tout signe religieux qu’ils porteraient normalement. C’est tout. La Loi 21 ne s’applique pas en dehors du travail.

Les propos de Hussain ont été bien plus sérieux qu’une simple comparaison entre deux choses disparates. C’est plutôt comme s’il avait mis sur un pied d’égalité une théière et un Tyrannosaurus rex. Pour ne rien arranger, le juge Marc-André Blanchard ne s’y est opposé en aucune façon. Cet incident s’inscrit dans le cadre de la campagne générale, menée par les opposants à la laïcité, pour dénigrer et diaboliser la Loi 21 et ses partisans.

Hussain a fait son commentaire un vendredi. Le lundi matin suivant, il a affirmé qu’il avait été mal interprété par les médias. Alors le juge lui a répondu : « Je vous assure que j’ai compris vos comparaisons comme étant purement rhétoriques. » À mon avis, cela constitue un sérieux biais et un manque de jugement majeur de la part de Blanchard.

Cependant, d’autres incidents sont survenus durant ce procès de la Cour supérieure, des échanges sans doute aussi graves, voire pires. À un moment donné, Hussain, dans sa détermination à discréditer le témoignage du témoin expert (pour le MLQ) Jacques Beauchemin, l’a qualifié de « homme blanc hétérosexuel plus âgé qui ne porte aucun signe religieux ». Lors d’une précédente audience du tribunal, Hussain a également déprécié un autre témoin expert, le professeur Georges-Auguste Legault, en le traitant d’« homme blanc » afin de discréditer son témoignage. Étant donné que le sexe, l’âge, la couleur de peau et l’orientation sexuelle n’ont aucune pertinence dans ce contexte, les commentaires de Hussain étaient totalement inappropriés. Ce qui est encore plus troublant, c’est que le juge Blanchard a écouté tout cela passivement, n’y faisant aucune objection, aucune tentative de réprimander Hussain pour son comportement inapproprié.

À mon avis, pour les raisons ci-dessus, ainsi que pour de nombreux autres aspects de ce procès l’année dernière, le juge Blanchard ainsi que Azimuddin Hussain doivent être considérés comme indignes du poste de juge à la Cour supérieure du Québec. Tous deux manquent de l’objectivité nécessaire pour occuper ce poste.

La nomination de Hussain révèle également que le ministre fédéral de la justice David Lametti et ceux qui l’ont conseillé doivent aussi être extrêmement biaisés.

Liens pertinents


Prochain blogue: Religious Symbol & Face-Covering Bans in Other Countries

La Loi 21 pour les nuls

Version abrégée

2021-12-14

Un résumé des faits essentiels concernant la Loi 21 québécoise et la controverse à son sujet.

Summary in English
A summary of the basic facts about Quebec Bill 21 and the controversy surrounding it.
This blog is available in English.

Étant donné que la Loi 21 du Québec fait de nouveau l’actualité et que plusieurs incompréhensions, idées fausses et mensonges purs et simples se répandent, il est temps de rétablir quelques faits importants. Voici le minimum que vous devez savoir.

  1. La Loi 21 est une législation qui réalise partiellement la laïcité d’État au Québec et qui impose une restriction très mineure, voire insignifiante, à la liberté d’expression de certains employés de l’État, en leur interdisant le port de signes religieux au travail. Cela n’affecte en rien leur liberté de croyance. Ceci est fait dans le but de protéger les libertés d’autrui : les usagers de la fonction publique et surtout les écoliers. C’est fondamentalement ce que font toutes les lois : rechercher un équilibre entre des libertés conflictuelles. La Loi 21 fait un assez bon travail à cet égard, même s’il est trop faible.
  2. Le Québec est à l’avant-garde dans les Amériques en matière de laïcité. Beaucoup de gens au Canada anglais ne comprennent pas cela, ou refusent de le comprendre.
  3. De nombreuses personnes et groupes s’opposent à la laïcité pour diverses raisons. Mais il existe une force anti-laïcité particulièrement virulente et dangereuse : l’islam politique, qui est un mouvement politico-religieux d’extrême droite international, également connu sous le nom d’islamisme.
  4. L’un des outils de propagande préférés de l’islam politique est le voile islamique, dont il fait la promotion n’importe où et partout où il le peut. Cette mouvance a eu un énorme succès à imposer le voile dans les pays à majorité musulmane où, il y a quelques décennies, le voile était rarement vu dans les villes. En faisant porter aux femmes cet outil de propagande, on peut très efficacement jouer la carte de la victime. Le voile est à la fois religieux et politique, surtout ce dernier. Sa signification est indépendante de la mentalité des femmes qui le portent. Celles-ci ignorent souvent les implications du voile mais ressentent une forte pression pour le porter afin de se conformer.
  5. L’islam et même l’islamisme bénéficient d’un énorme traitement préférentiel de la part de la soi-disant gauche (et, de plus en plus, du centre aussi, comme Justin Trudeau), pour des raisons historiques et idéologiques liées aux succès spectaculaires et aux échecs ultimes tout aussi spectaculaires du marxisme.
  6. Le préjugé ethnique contre les Québécois francophones est un thème majeur de l’histoire canadienne. Les islamistes l’ont largement exploité. La peur anglo-canadienne du mouvement indépendantiste québécois a accru ce préjugé au cours des dernières décennies. L’opposition hystérique du Canada anglais à la Loi 21 est en grande partie (mais pas entièrement) une campagne de propagande haineuse contre les Québécois.

Prochaine blogue : English Canada’s Messiah Complex

La nécessité de la Loi 21

Réponse au pseudo-argument
« La Loi 21 ne répond à aucun besoin existant. »

2021-04-14
Mise à jour : 2021-04-15

Dans le contexte actuel de la prolifération de l’idéologie islamiste, la Loi 21 est nécessaire.

In English This blog is available in English translation: The Necessity of Quebec Bill 21

Un des pseudo-arguments préférés des adversaires de la Loi 21, c’est de prétendre que cette loi ne serait pas nécessaire, qu’elle ne répondrait à aucun besoin réel. Ce faux argument s’explique dès que nous le considérons en lien avec un autre pseudo-argument favori des antilaïques : que la Loi 21 serait « discriminatoire », et en particulier « discriminatoire » contre les Musulmanes.

Il faut bien comprendre le contexte dans lequel nous vivons : la prolifération de l’idéologie islamiste.

Pour bien saisir les enjeux ici, il faut comprendre le sens objectif du voile islamique. Ce voile, qu’il soit hijab, tchador, niqab, burqa, etc., est évidemment un étendard de l’islam radical, c’est-à-dire de l’islamisme. C’est un uniforme politique et un outil de pénétration de l’islamisme dans nos sociétés, un marqueur du territoire que les islamistes cherchent à occuper, avec la complicité d’une certaine « gauche » que l’on nomme « islamogauche », ainsi que d’autres adeptes du relativisme culturel. Le voile est aussi un très fort symbole misogyne et sexiste, ainsi qu’une icône de l’obscurantisme religieux intégriste.

Ne pas reconnaître cette évidence, cette réalité objective — prétendre au contraire que le voile ne serait qu’un simple choix vestimentaire —, est une sottise inexcusable.

Nous savons aussi que le sens religieux que les promoteurs du voile donnent à cet accoutrement en est un de pureté. C’est-à-dire que le voile est un signe de pureté qui indique que celle qui le porte est une bonne Musulmane qui mérite le paradis et, par contre, que la femme qui n’en porte pas (et surtout une Musulmane qui n’en porte pas) est impure et mérite l’enfer. Voilà donc le « choix » dont il s’agit: entre le paradis et l’enfer.

Cette réalité objective du voile est complètement indépendante de la mentalité ou de l’intention de la femme qui le porte : celle-ci peut le porter par choix et être complètement inconsciente de la signification politique du voile ; ou, elle peut le porter parce qu’elle y est obligée par sa famille ou sa communauté ; ou elle peut être une partisane intentionnelle de l’islamisme. Rien de cela ne change le fait que ce voile demeure un drapeau islamiste.

Or, étant donné cette réalité, il est évident que la Loi 21 et les mesures semblables qui interdisent le port de signes religieux dans les espaces étatiques sont tout à fait nécessaires afin de contrer cette campagne islamiste. Et pour être juste, pour ne pas discriminer une religion en particulier, il faut que ces interdictions s’appliquent aux signes visibles de toutes les religions.

Donc, la Loi 21 est nécessaire et, en plus, elle est conçue pour ne pas discriminer. Voilà que deux pseudo-arguments des antilaïques s’avèrent entièrement nuls. Quant aux adversaires de la Loi 21 qui emploient ces prétextes, ou bien ils se trompent complètement, ou bien ils sont d’une malhonnêteté abusive.


Prochain blogue : The Necessity of Quebec Bill 21

Le prosélytisme passif

2020-12-11

Le port de signes religieux par les fonctionnaires et enseignant(e)s au travail est une forme de publicité religieuse inacceptable et un privilège indu accordé aux croyant(e)s.

Summary in English The wearing of religious symbols by civil servants and teachers on duty is a form of unacceptable religious advertising and an undeserved privilege granted to believers. See the English version of this blog, Passive Proselytism.

Dans le récent (2020-12-08) communiqué de presse de Libres penseurs athées, nous lisons cette explication de l’importance d’interdire le port de signes religieux par les employé(e)s de l’État :

[…] permettre aux représentants de l’État de faire de l’affichage idéologique dans la fonction publique, pourvu que leur idéologie soit religieuse, constitue un privilège indu accordé aux religions. Les conséquences de ce privilège sont (1) une atteinte à la liberté de conscience des usagers des services sociaux et des élèves dans les écoles publiques, en les exposant au prosélytisme et à l’endoctrinement passifs que constituent ces manifestations religieuses partisanes ; et (2) […]

Nier que le phénomène du prosélytisme passif puisse exister, c’est une stratégie des opposants à la Loi 21, c’est-à-dire les anti-laïques. Il faut être très malhonnête et d’une mauvaise foi extrême pour nier cette réalité. C’est une évidence.

Lorsqu’on voit de la publicité à la télévision, ou dans une revue imprimée, ou sur un panneau d’affichage, on est ciblé par le prosélytisme passif de type commercial. Personne ne peut nier l’efficacité de ce prosélytisme — et encore moins son existence même ! Les entreprises dépensent des millions de dollars pour acheter de cette publicité-là, parce que ça marche.

Si on permet aux croyants religieux engagés dans la fonction publique ou dans les écoles de porter et afficher leurs signes religieux au travail, il s’agit de prosélytisme passif de type religieux. Remplacer la kippa, le crucifix ou le hijab par une grosse annonce de MacDo ou d’un autre produit à vendre sur les vêtements du ou de la fonctionnaire, ce serait évidemment de la publicité inacceptable. La kippa, le crucifix et le hijab constituent également de la publicité inacceptable dans ce contexte.

le but du prosélytisme religieux n’est pas nécessairement de convertir quelqu’un, tout comme le but de la publicité commerciale n’est pas toujours de vendre un produit directement.

Il faut se rappeler que le but du prosélytisme religieux n’est pas nécessairement de convertir quelqu’un, tout comme le but de la publicité commerciale n’est pas toujours de vendre un produit directement. Souvent, c’est dans le but de promouvoir une marque ou une idéologie, de normaliser et de banaliser la présence de cette marque, pour qu’elle soit acceptée et reconnue par les gens qui y sont exposés.

Au fait, une pratique courante chez les anti-laïques est d’insister sur une définition très restreinte du mot prosélytisme, limitant son sens à celui de vouloir convertir à la religion du signe. Ensuite, ils exigent des études quantitatives pour prouver que les signes ont des effets prosélytes. C’est complètement incohérent.

Patrick Taillon, qui a été témoin-expert pour la Procureure-Générale du Québec (PGQ) devant la Cour supérieure du Québec en novembre 2020 (la cause Hak contre PGQ) explique, dans une entrevue radiophonique avec Antoine Robitaille, qu’on n’a pas demandé d’étude quantitative de l’impact de la prière sur les personnes assistant aux réunions du conseil municipal de Saguenay lorsque la Cour suprême du Canada a entériné l’interdiction de cette prière en 2015. La Cour n’a pas exigé non plus que le plaignant athée démontre que cette prière risquait de le convertir au christianisme. Or, le port de signes religieux par des agents de l’État présente une situation semblable. Il n’est vraiment pas nécessaire de prouver explicitement les effets de ces signes religieux, surtout sur les enfants.

[…] prosélytisme religieux interne — c’est-à-dire qui vise les co-religionnaires de la personne qui porte le signe.

Il faut aussi reconnaître l’importance du prosélytisme religieux interne — c’est-à-dire qui vise les co-religionnaires de la personne qui porte le signe. C’est souvent le but du voile islamique, de transmettre le message que la femme qui le porte est une bonne musulmane pure, tandis que les musulmanes que n’en portent pas sont de mauvaises musulmanes impures qui méritent l’enfer et devraient peut-être l’adopter.

Permettre le port de signes religieux par les enseignant(e)s, c’est bafouer le droit des élèves à une éducation sans endoctrinement, dans un environnement scolaire sans prosélytisme. Nul besoin d’étude quantitative. Le principe de la laïcité — en particulier la séparation entre les religions et l’État — suffit pour justifier une interdiction.

le fardeau de la preuve incombe à ces anti-laïques.

Si les adversaires de la Loi 21 veulent donner aux croyants et aux croyantes le privilège de pouvoir faire de la publicité religieuse sur la job, le fardeau de la preuve incombe à ces anti-laïques. Ce sont eux que doivent fournir des preuves qu’il n’y aura aucun effet sur les élèves.

La Loi 21 établit un compromis raisonnable entre les droits des employés de l’État et les droits des élèves et usagers.


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L’ineptie d’Émile Bilodeau

2020-07-01

Ma réplique à un texte de Madeleine Pilote-Côté, intitulé Quand le désaccord suscite la haine, paru le 29 juin 2020 dans le Journal de Montréal.

Summary in English My response to an article by Madeleine Pilote-Côté, entitled Quand le désaccord suscite la haine (When Disagreement Gives Rise to Hatred), published in the Journal de Montréal on 29th June 2020. Pilote-Côté objects to the fact that Émile Bilodeau, a singer who participated in the recent broadcast of Quebec’s Fête nationale, was criticized for wearing an anti-Bill-21 lapel pin during the show.

Madame Madeleine Pilote-Côté,

Dans votre texte du 29 juin 2020, vous vous fâchez du fait que le chanteur Émile Bilodeau ait été vertement critiqué pour avoir porté un macaron anti-Loi-21 durant le récent spectacle de la Fête nationale. Vous dites même qu’il aurait reçu des menaces de mort. Évidemment, de telles menaces sont inacceptables, peu importe la situation. Mais le geste d’Émile Bilodeau était tout de même inapproprié.

Sur la même scène que le jeune Bilodeau se trouvait aussi Paul Piché qui, à ce que je sache, appuie la laïcité ; du moins, il a accordé son appui à la Charte de la laïcité proposée en 2013-2014 par l’ancien gouvernement du PQ. Mais Piché a été discret ; il n’a pas affiché de macaron pro-Loi-21. Un tel affichage aurait été déplacé aussi dans le contexte de ce spectacle. Pourquoi les opposants de la laïcité n’ont-ils pas le même savoir-vivre que ses défenseurs ?

Pour la Loi 21

D’ailleurs, Mme Pilote-Côté, dans votre texte vous véhiculez des faussetés au sujet de la Loi 21. Cette dernière n’est aucunement discriminatoire car elle s’applique à toutes les religions et à toutes les personnes, aux hommes autant qu’aux femmes. La Loi 21 ne demande pas « à des gens de renoncer à leurs valeurs » comme vous le prétendez ; au contraire, elle ne fait qu’imposer une contrainte de comportement raisonnable à certains fonctionnaires pour des raisons d’éthique professionnelle. Vous avez le droit de vous opposer à cette Loi, mais il est inacceptable de la présenter sous un faux jour comme vous le faites éhontément.

Macarons Loi 21

L’indiscrétion d’Émile Bilodeau lors de ce spectacle de la Fête nationale québécoise est particulièrement saugrenue. L’opposition à la Loi 21 provenant du Canada hors Québec est d’une intensité, d’une hystérie et d’une malhonnêteté si extrêmes qu’il faudrait la qualifier de campagne de propagande haineuse anti-québécoise. En effet, à écouter ces opposants de la laïcité — qui répètent ad nauseam les mêmes faussetés que vous —, on dirait que le Québec serait un véritable cloaque de persécution religieuse, de xénophobie et pire.

Dans ce contexte où les Québécois sont actuellement la cible de cette atroce propagande, l’ineptie d’Émile Bilodeau est flagrante. Lors d’un spectacle ayant pour but de célébrer la fierté nationale d’un peuple, afficher sa solidarité avec la haine contre ce même peuple est tout à fait déplacé.

David Rand, Montréal


Prochain blogue : Racialism versus Secularism

Décision de la Cour d’appel du Québec, 2019-12-12

Quelques remarques préliminaires

2019-12-18 (2020-07-29, lien corrigé)

Le 12 décembre 2019, la Cour d’appel du Québec a rendu sa décision dans le cas de Hak, CNMC et ACLC contre le Procureur-général du Québec, N° 500-09-028470-193 (copie locale), refusant la demande de suspendre le Loi 21 en attendant la décision sur le fond de la question.

English This blogue is also available in English under the title: Quebec Court of Appeal Ruling, 2019-12-12.


Les enjeux

Il s’agissait de suspendre, ou non, deux articles de la Loi 21, Loi sur la laïcité de l’État :

  • L’article 6 qui interdit le port de signes religieux à certains fonctionnaires (spécifiés à l’Annexe II de la Loi) au travail.
  • L’article 8 qui stipule que les services publics doivent être fournis et reçus à visage découvert.

Dans ce litige, deux articles de la Charte canadienne des droits et libertés, qui fait partie de la Loi constitutionnelle canadienne de 1982, sont souvent cités :

  • L’article 28 qui garanti l’égalité de droits et libertés aux personnes des deux sexes.
  • L’article 33, la fameuse clause dérogatoire, qui permet aux législateurs d’adopter une loi qui déroge à certains articles de cette Charte.

Les juges et leurs décisions

Il y avait trois juges, dont deux ont rejeté la demande de suspension. Donc la demande est rejetée à la majorité.

  • La juge en chef Nicole Duval Hesler, qui aurait accueilli la demande de suspendre l’article 6 qui interdit le port de signes religieux (mais pas l’article 8).
  • La juge Dominique Bélanger, qui a rejeté la demande.
  • Le juge Robert M. Mainville, qui a rejeté la demande.

La plupart du document du jugement consiste en les motifs de chacune et chacun des trois juges.

Quelques observations pêle-mêle

  • Les juges Duval Hesler et Bélanger parle souvent de discrimination contre les croyants dans la Loi 21 ! Mais évidemment c’est faux, car cette Loi s’applique à toutes les religions.
  • Les juges Duval Hesler et Bélanger parle souvent de discrimination contre les femmes dans la Loi 21. Mais évidemment c’est faux, car cette Loi s’applique à toute personne, femme ou homme. Par contre, le juge Mainville n’est pas dupe. Il donne l’exemple d’un homme qui est interdit de porter un turban sur un chantier de construction puisque le port du casque y est obligatoire : mais on ne parle pas de discrimination contre les hommes.
  • C’est une évidence : la Loi 21 ne discrimine pas les femmes. Au contraire, ce sont les religions qui discriminent les femmes et c’est surtout l’islam, cette religion la plus misogyne de toutes les grandes religions, ou du moins sa variante fondamentaliste l’islamisme ou l’islam politique, qui en fait le plus. En imposant le port du voile qui fait partie de son programme politique, l’islamisme génère davantage de femmes qui contreviennent à la Loi 21.
  • Au paragraphe [123], le juge Mainville constate implicitement cette situation en écrivant que « les appelants ne font plus le débat des signes religieux. Ils limitent le débat portant sur l’article 28 au foulard islamique et au voile intégral. » Ainsi, ce n’est pas la Loi 21 qui vise les femmes musulmanes, ce sont les plaignants (et l’islamisme derrière eux) qui visent les Musulmanes.
  • Pourquoi la juge en chef Duval Hesler considère-t-elle que la Loi 21 discriminerait les femmes, lorsque cela est évidemment faux ? Rappelons que cette juge a manifesté des préjugés favorables à l’idéologie du multiculturalisme. À ce sujet, plusieurs plaintes contre elle ont été déposées au Conseil de la magistrature. À titre d’exemple, cette juge a déclaré, pendant une des audiences, que la Loi 21 serait une réponse aux « allergies visuelles » de certaines personnes aux signes religieux. Cette déclaration ressemble énormément aux arguments habituels des adversaires de toute interdiction de signes religieux, ignorant volontairement et complètement les arguments à l’effet que de telles interdictions sont nécessaires pour protéger la liberté de conscience des usagers de services publics, et prétendant qu’il ne s’agisse que de lubies personnelles malsaines.
  • Un des préceptes de la laïcité, découlant du principe de la séparation religions-État, c’est que l’État ne reconnaît pas les religions et ne les privilégie pas, les croyances et pratiques religieuses étant donc entièrement la responsabilité des croyants et des croyantes. Mais les partisans du multiculturalisme canadien, par contre, adoptent l’attitude inverse : les multiculturalistes (c’est-à-dire les communautaristes) tiennent l’État pour responsable des conséquences des croyances et pratiques religieuses et doit les accommoder, d’où les fameux accommodements religieux. Les croyant(e)s sont ainsi déresponsabilisé(e)s. C’est le monde à l’envers. L’État doit se plier aux croyant(e)s ? Ahurissant ! Cette approche communautariste est incompatible avec la laïcité et son implantation au Canada est une autre preuve de la nécessité de la Loi 21. Il ne faut pas que l’État soit pris en otage par des gens qui choisissent de se transformer en panneau publicitaire pour une religion. Ce sont ceux et celles qui portent de tels signes qui demeurent responsables de leur choix.
  • Les juges parlent d’atteinte aux libertés ou aux droits fondamentaux de l’employé(e) de l’État, mais on ne mentionne jamais les atteintes à la liberté de conscience des usagers de service publics et des étudiants dans les écoles publiques. Les juges ne parlent que de l’« intérêt public » — ce qui est assez vague — sans spécifier que cet intérêt public est de protéger justement les droits fondamentaux de ces usagers et étudiants. Lorsqu’un(e) enseignant(e) porte un signe religieux, il ou elle fait de la publicité religieuse, c’est-à-dire du prosélytisme passif, et viole ainsi la liberté de conscience des ses élèves. Les droits ne sont pas absolus, puisqu’il peut y avoir un conflit entre les droits des uns et les droits des autres. C’est le cas ici. La solution évidente est que l’enseignant(e) s’abstienne de porter son signe religieux durant ses heures de travail, tout en maintenant son entière liberté en dehors du travail.
  • Selon la juge en chef, la clause grand-père dans la Loi 21 affaiblit la cause du gouvernement qui s’oppose au sursis (suspension) parce que cette clause indique qu’il n’y a pas d’urgence à imposer l’interdiction. Cela confirme que l’insertion de cette clause a été une très mauvaise idée.
  • Les motifs du juge Mainville comportent des éléments excellents en ce qui concerne la nature du voile islamique et la législation en Europe et ailleurs qui s’y rapporte : « plusieurs sociétés démocratiques et libérales ont adopté de telles mesures » écrit-il au paragraphe [139] en parlant de l’interdiction du port de signes religieux.
  • Même si Mainville rejette l’appel, et que ses motifs sont bien plus raisonnables que ceux des deux autres juges, dans le paragraphe [114] il semble malheureusement plutôt favorable à la thèse communautariste et antilaïque que l’État devrait tenir compte des exigences religieuses.
  • Les juges Duval Hesler et Bélanger ne parlent jamais de la possibilité d’enlever un signe religieux pour aller travailler. Pourtant, c’est exactement ce que la Loi 21 demande des fonctionnaires qui en portent. Mainville le mentionne une seule fois, je crois.
  • Les juges Duval Hesler et Bélanger considèrent que la Loi 21 violerait peut-être l’article 28 (égalité des sexes) de la Charte canadienne des droits et libertés, même si cela est évidemment faux. Plusieurs personnes de confession sikhe portent le turban, des hommes bien plus souvent que des femmes, mais comme écrit si bien le juge Mainville « on peut douter qu’il s’agisse aussi d’une discrimination fondée sur le traitement inégal du droit à la religion des hommes par rapport aux femmes. » La loi 21 ne discrimine personne : elle s’applique à toutes les religions et aux hommes comme aux femmes.
  • Même si la Loi 21 violait l’article 28, il n’a pas été établi que l’article 28 aurait préséance sur l’article dérogatoire 33. Les juges discutent beaucoup de cette question, mais ne se prononcent pas. Ainsi, il n’a pas été établi que la Loi 21 serait incompatible avec la Charte. Cette question sera débattue devant les tribunaux en automne 2020. En attendant, deux cours ont déjà émis des décisions (celle-ci du 12 décembre 2019, ainsi que celle du juge Yergeau le 18 juillet 2019) que, si violation il y a, elle n’est pas suffisamment urgente pour justifier une suspension de la Loi. Celle-ci demeure en vigueur.
  • De toute façon, du point de vue du Québec, la Charte n’est pas un document sacré. Elle fait partie de la constitution canadienne de 1982 à laquelle le Québec n’a jamais accordé son approbation. Ainsi, si le Québec doit légalement respecter cette Charte, cette obligation n’est pas morale. Si un jour la Loi 21 est abrogée, ce sera une grande injustice, un exemple de « la raison du plus fort ».

Prochain blogue : Quebec Court of Appeal Ruling, 2019-12-12

Ontario NDP: Still Crazy After All These Years

Follies of the Religious “Left”

2019-11-28, minor corrections 2019-11-29

A quick look at how the Ontario NDP has pandered to various religions over the years.

Sommaire en français Un bref aperçu de la pratique du clientélisme religieux par le NPD ontarien au fil des ans.

The Ontario New Democratic Party (ONDP), just like other branches of the ostensibly left-of-centre NDP, has always had a pro-religious bias. Back in 1985 under the Conservative government of Bill Davis, and well before the ONDP came to power in that province in 1990, the ONDP fully supported the extension of public funding to the parallel Catholic school system to 100%.

Some two decades later, it was NDPer and former attorney-general Marion Boyd who in December 2004 proposed including Muslim sharia law in arbitration of family law and inheritance. Fortunately, a widely based opposition, including even the French FNLP (Fédération nationale de la libre pensée), succeeded in convincing the Ontario government to reject this idea and, further, to remove recognition of other religious traditions. This prompted the Quebec National Assembly to adopt unanimously, on 26th May 2005, a motion opposing the implementation of Islamic courts in Quebec and in Canada:

« Que l’Assemblée nationale du Québec s’oppose à l’implantation des tribunaux dits islamiques au Québec et au Canada. »

Source

The motion, put forward by then-MNA Fatima Houda-Pepin, only one short sentence in length, does not mention any other province explicitly nor target any specific legislation.

Fast-forward to 2019. English Canada, or what is commonly referred to as RoC (outside Quebec) is rocked by an hysterical and irrational wave of anti-Quebec sentiment, motivated by a wanton misreading of Quebec’s new Bill 21 which (partially) implements secularism in that province. Unsurprisingly, the Ontario NDP has jumped on the bandwagon, even driving it. On 25th November, Andrea Horwath, ONDP MPP and Leader of the Official Opposition, proposed the following rather verbose motion, which was adopted unanimously by the legislature:

Whereas all people who wear religious symbols, including turbans, hijabs, kippahs, crucifixes and other articles of clothing that represent expressions of their faith, are welcome to serve the Ontario public; and

Whereas discrimination based on religion is prohibited by Canada’s Charter of Rights and Freedoms; and

Whereas Quebec passed legislation, Bill 21, that prohibits the wearing of religious symbols and violates the Charter of Rights and Freedoms; and

Whereas national civil rights groups including the Canadian Civil Liberties Association, the National Council of Canadian Muslims, B’nai Brith Canada, the World Sikh Organization, the Canadian Bar Association, Amnesty International, and the Centre for Israel and Jewish Affairs have all opposed Bill 21; and

Whereas municipalities across Ontario including Mississauga, Brampton, the Peel regional council and Toronto have already passed motions condemning the legislation;

Therefore the Legislative Assembly calls on the government of Ontario to communicate its opposition to Bill 21 by formally requesting the Quebec government immediately repeal Bill 21 and by intervening in any Supreme Court challenge of Bill 21 that may be heard by the courts.

Source

The organization Atheist Freethinkers has already responded to the above motion with a press release entitled “LPA-AFT denounces the hypocrisy and inconsistency of the Ontario legislature’s motion against Quebec Bill 21”. Suffice it to say here that Ms. Horwath’s motion indulges in gross exaggeration and misrepresentation of both the intent and scope of Bill 21, making assertions that have been refuted countless times already, both on this blog and elsewhere. Furthermore, it specifically targets legislation in another province and declares an intention to interfere with that province’s laws by means of a legal challenge. In addition, the motion expresses solidarity with some rather dubious organizations, in particular the National Council of Canadian Muslims.

But it gets worse. In her remarks made before the Ontario legislature in support of her motion, Ms. Horwath made a number of outrageous allegations. For example:

I believe that we in Ontario have to continue to stand up and speak out as Canadians against any form of discrimination, prejudice, racism and intolerance.…

No one should have to choose between their faith and their career. We all need to work together to fight Islamophobia, anti-Semitism and xenophobia wherever it happens and whenever and wherever we see it.

Affirming that Ontario values diversity…

…stand up and call out these kinds of discriminatory pieces of legislation and other acts of discrimination, racism, xenophobia, Islamophobia, anti-Semitism and anti-Black racism.…

Source

Ms. Horwath’s exaggerated statements vilify Quebec Bill 21, and indirectly the majority of Quebecers who support that very reasonable legislation, by associating it with discrimination and intolerance (Bill 21 is not discriminatory), by repeatedly evoking racism (Bill 21 has nothing to do with race), by using the nonsense term “Islamophobia” (which implies that criticizing a religion must be the result of a phobia, i.e. a mental illness). She and other participants in the debate on the motion also make liberal use of the fashionable buzzword “diversity” which is a form of virtue-signalling, so overused that it has lost much of its meaning. To use that word correctly, Bill 21 is secular legislation, and secularism is, among other things, a method of managing religious diversity, something of which the Ontario MPPs clearly have no understanding, or which they refuse to understand.

It does not stop there. You can, if you can stomach them, read the remarks of another ONDP MPP, Kevin Yarde, which are even more outrageous than those of Horwath. They basically amount to paranoia garnished with industrial quantities of whining about those poor religious victims “subjugate[d]” by “very barbaric” Bill 21.

The reality is that Bill 21 simply insists that State employees in position of authority be religiously neutral — in appearance, not just in their behaviour — while on the job. Why? In order to respect the freedom of conscience (which includes freedom of religion) of users of public services and students in public schools. This is eminently reasonable and helps protect freedoms, not threaten them. As I said in a talk at the Rationalist International conference in Cambridge, UK, last July:

For the State to be independent of religion and to show itself to be free of religious influence, both its physical installations and its human agents must be free of religious symbolism. Displaying a religious symbol on the wall of a State building or allowing a State employee to wear a visible religious symbol while on the job are both clear and obvious violations of religion-State separation. In either case, the religious symbol constitutes at the very least passive endorsement by the State of the religion being symbolized. An anti-religious or atheist symbol would also be unacceptable in both situations and for similar reasons.

Religion is, or should be, a private matter. When a religion practices exhibitionism, there is an obvious political purpose, a purpose which has no place in civic institutions.

When a public servant wears a religious symbol while on the job, they are saying that their religious affiliation is more important than their role as a representative of the State whose mandate is to serve the public. They are saying that their individual freedom of expression takes precedence over the freedom of conscience of the users and students whom they serve. This is backwards.

When the State bans the wearing of religious (or anti-religious) symbols by public servants while on the job, it is saying that it is committed to treating all citizens, all members of the public, equally and fairly, regardless of their religion or lack thereof. The State thus undertakes to respect the freedom of conscience of the users of public services and students in schools.

When a public servant refuses to comply with a ban on the wearing of religious symbols while on the job, they are saying that their religious practice is so fanatical, so fundamentalist, that they cannot even present a neutral facade when it is their duty to do so.

Source

As for the Ontario NDP, they are guilty of abject clientelism. They have completely prostituted themselves to religious apologists, especially the most pious and fundamentalist, whose goal is to maintain and extend the considerable religious privileges which they already enjoy.


Abbreviations used in the above article:

  • MPP = Member of Provincial Parliament
  • NDP = New Democratic Party
    NPD = Nouveau parti démocratique
  • ONDP = Ontario New Democratic Party
  • RoC = Rest of Canada

Next blog: Three Examples of Cultural (Mis)Appropriation