Les trois innocentes

par David Rand, Romain Gagnon, Mandana Javan et Daniel Baril

2025-04-26

Réponse à une lettre de Françoise David, Louise Harel et Christine St-Pierre, parue récemment dans La Presse. Les trois auteures s’opposent au Projet de loi 94 qui renforcera la laïcité dans les écoles québécoises.

Summary in English Response to a letter by Françoise David, Louise Harel and Christine St-Pierre, recently published in La Presse. The three authors oppose Draft Bill 94, which will strengthen secularism in Quebec schools.

En lisant la lettre « Une surenchère qui discrimine les femmes » signée par Françoise David, Louise Harel et Christine St-Pierre (La Presse, 22 avril 2025), on ne peut s’empêcher de penser à cette célèbre photo de manifestants arborant des drapeaux arc-en-ciel et une banderole « LGBT Against Islamophobia ». Le problème ? Dans plusieurs pays musulmans, les personnes ouvertement homosexuelles sont persécutées, voire exécutées. Cette image est devenue un symbole d’un militantisme naïf, pour ne pas dire suicidaire, où l’idéologie prime sur l’intérêt objectif des minorités qu’on prétend défendre.

LGBT Against Islamophobia at Birmingham Pride 2015Source: LGBT Against Islamophobia

Se battre contre ses propres intérêts n’est pas rare. On peut en sourire lorsqu’il s’agit d’un électeur de Trump. Mais quand trois figures publiques défendent, au nom du féminisme, le port du voile islamique — probablement le symbole le plus antiféministe de notre époque — cela relève d’une forme d’aveuglement militant particulièrement préoccupante.

Les trois signataires semblent ignorer, ou feignent d’ignorer, le sens profond du voile dans certaines interprétations de l’islam : une obligation imposée par des hommes pour signifier l’appartenance de la femme à la communauté, à sa famille ou à son mari. En ce sens, le voile n’est pas un simple choix vestimentaire, mais l’uniforme d’une soumission intériorisée. C’est pourquoi il choque de voir des femmes défendant ce symbole comme un outil d’émancipation.

Il est vrai que la Loi sur la laïcité de l’État, bien qu’universelle dans son application, affecte davantage les femmes musulmanes pratiquantes. Mais ce n’est pas la loi qui discrimine : c’est la prescription religieuse elle-même, qui soumet la femme à une injonction vestimentaire en contexte patriarcal. La loi, elle, se contente de fixer des règles de neutralité dans certaines fonctions. Et oui, un signe religieux, cela s’enlève.

À la question rhétorique des signataires — « Ira-t-on jusqu’à empêcher une intervenante voilée de parler d’éducation sexuelle dans une école ? » — il faut répondre avec rigueur. D’abord : oui, en contexte scolaire, cette intervenante doit retirer son voile. Ensuite : une femme qui porte le voile est-elle la mieux placée pour animer un atelier sur le consentement et la sexualité ? Rien n’est moins sûr, puisque le voile véhicule une vision du corps féminin fondée sur un affichage public comme signe de soumission, et sur la culpabilité découlant de sa présumée infériorité sexuelle. En effet, selon cette vision, c’est la femme qui est tenue responsable de toute inconduite sexuelle des hommes à son égard.

Quant à leur insistance sur l’absence de signalements de prosélytisme : croire qu’un symbole religieux ostentatoire n’est pas, en soi, une forme de prosélytisme, c’est méconnaître ce qu’est un symbole. Porter un signe religieux visible, c’est faire acte de visibilité idéologique. Ce n’est pas neutre, encore moins dans le cadre scolaire.

Enfin, quand ces trois femmes évoquent la « liberté de choix » des femmes, on se demande si elles appliquent ce principe à toutes. Les policières ont-elles le choix de ne pas porter l’uniforme ? Pourquoi certaines femmes seraient-elles exemptées des règles communes au nom d’un prétendu droit à l’expression religieuse ? Le principe d’égalité exige que toutes les citoyennes soient traitées selon les mêmes standards, y compris en matière de neutralité.

Le féminisme des signataires est celui de l’intersectionnalité dévoyée, où les droits des femmes passent après les revendications identitaires et religieuses. Ce n’est plus un féminisme de l’émancipation, mais un féminisme de la capitulation.

  • David Rand, président Libres penseurs athées (LPA)
  • Romain Gagnon, porte-parole des Sceptiques du Québec
  • Mandana Javan, militante laïque
  • Daniel Baril, président, Mouvement laïque québécois (MLQ)

Prochain blogue: Comprendre le « wokisme » à l’ère du MAGA

La CCDP endosse la maltraitance religieuse des fillettes

La Commission canadienne des droits de la personne se fait complice de l’obscurantisme islamiste.

2019-04-21 2019-04-23 : Petite correction

An English version of this blog is available: CHRC Endorses Religious Child Abuse

La Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) a choisi l’image ci-dessous pour présenter son Rapport annuel 2018 au Parlement. Cette image est révoltante a plusieurs niveaux.

Image utilisée par la CCDP
Image utilisée par la CCDP pour illustrer son slogan « Brisons le silence ».

En choisissant cette image pour illustrer le thème des droits de la personne, la CCDP fait preuve d’une insouciance inexcusable. Cette image véhicule un message complètement incompatible avec les droits de la personne et ce, pour plusieurs raisons :

  • D’abord, nous savons que le voile est un étendard de l’islam politique et promouvoir son port partout et n’importe où constitue une des plus importantes stratégies de ce mouvement d’extrême droite pour imposer son idéologie obscurantiste. Le voile est un outil de ségrégation dont le but est d’isoler les femmes des mâles, d’isoler les musulmanes des autres qui n’adhèrent pas à cette religion et, surtout, de promouvoir l’image de la musulmane très pieuse, voire intégriste, afin de rendre invisibles les musulmanes et musulmans qui pratiquent un islam plus ouvert et moins rigoureux.
  • La personne qui porte le hijab dans cette photo est une fillette très jeune. Imposer le voile à une enfant, si cela se fait sur une période étendue (plusieurs semaines, mois ou années) constitue un isolement abusif et une maltraitance de l’enfant qui devrait être interdite par la loi. Les conséquences du port du voile sur les jeunes sont très sérieuses. Il peut y avoir des effets négatifs physiques (comme une carence en vitamine D ou une entrave à l’activité physique normale de l’enfant) mais les plus graves conséquences sont psychologiques et sociales. Lorsque le voile est porté par une enfant, cette ségrégation sociale est beaucoup plus sérieuse, privant la fillette d’une enfance normale en érigeant une barrière entre elle et les autres enfants.
  • Un ou une enfant ne peut consentir librement à un tel accoutrement. Lorsque celle qui porte le voile est adulte, c’est malheureux mais s’il s’agit d’un choix libre, ce choix doit être respecté — à condition, bien sûr, qu’elle ne le porte pas durant ses heures de travail en tant qu’employée de l’État ou enseignante dans une école publique. Mais pour une enfant, la situation est complètement différente : il est tout à fait inacceptable d’imposer cela à une enfant trop jeune pour comprendre les implications de ce signe religieux. L’enfant devient alors une victime de maltraitance de la part des gens qui lui imposent cet accoutrement.
  • Cette photo a apparemment été prise lors d’une manifestation (en octobre 2018) contre le projet de loi 21 du gouvernement du Québec. Il s’agit d’une manifestation anti-laïcité avec une forte représentation d’islamistes.

La CCDP, une instance du parlement fédéral chargée de surveiller et protéger les droits de la personne, endosse ainsi un symbole inique de l’islam politique et endosse en même temps la maltraitance de fillettes dans les familles musulmanes intégristes. Ce choix de photo est tout à fait inadmissible. Je suis entièrement d’accord avec les propos de Djemila Benhabib qui s’est exprimée ainsi récemment sur les réseaux sociaux :

Honte à la Commission canadienne des droits de la personne @DroitPersonneCa qui illustre son rapport 2018 avec la photo d’une fillette voilée, le poing levé. Ceci est terriblement choquant et répugnant. Vous légitimez l’instrumentalisation des enfants par l’islam politique. Cette mise en scène est d’autant scandaleuse que cette photo est tirée d’une manifestation anti-CAQ et anti-laïcité organisée dans les rues de Montréal par des islamistes entre autres.


Next blog: CHRC Endorses Religious Child Abuse