2022-10-14, Autres liens ajoutés 2022-10-19
Non, la mouvance « woke » n’est pas une panique morale inventée par la droite.
Summary in English No, the “woke” phenomenon is not some moral panic invented by the political right. This blog is available in English under the title “Wokism” is Not a Moral Panic.
Pendant plusieurs années, des termes tels que « Social Justice Warrior » (« SJW ») et « woke » ont été utilisés par de nombreux membres de cette mouvance eux-mêmes, pour s’identifier. Au fil du temps, le mot « woke » est devenu courant et, alors que les critiques du « wokisme » commençaient à l’utiliser de manière négative, le mot a acquis des connotations péjoratives. (Soulignons que ces critiques fusent de toutes tendances politiques : des marxistes, du centre, des gens de droite, etc.)
Maintenant, certains prétendent même que le « wokisme » n’existerait pas, que ce n’est qu’un fantasme de droite, une « panique morale » inventée par la droite politique afin de dénigrer la gauche. Cette allégation est fausse et malhonnête. Les « woke » eux-mêmes ont adopté le mot bien avant tout le monde. Non seulement le « wokisme » est un phénomène réel mais, plus important encore, il est idéologiquement distinct de la gauche politique classique, c’est-à-dire universaliste.
Qu’est-ce que le « wokisme » alors ? C’est une mouvance sociale qui se prétend de gauche et se targue de lutter pour la justice sociale et contre divers préjugés, surtout le racisme. Mais les assises philosophiques du phénomène « woke » sont fortement influencées par le postmodernisme et par le rejet des valeurs des Lumières, en particulier le rejet de l’universalisme. Son rejet les Lumières représente l’abandon du plus bel accomplissement de la civilisation européenne.
Par conséquent, cette mouvance défend très mal les minorités dont elle fait son obsession. Elle finit par attiser le racisme autant qu’elle lutte contre. C’est-à-dire que cette mouvance est néoraciste. Moi, je l’appelle la post-gauche ou la pseudogauche anti-Lumières.
Les « wokes » ont la méchante habitude de lancer des accusations de « fascisme » contre tout ce qui ne serait pas d’accord avec eux. C’est très ironque — et hypocrite — car le wokisme et l’extrême droite ont quelque chose de très significatif en commun : le rejet des Lumières.
Les excès et les folies des « wokes » constituent un vrai cadeau pour la droite politique, car celle-ci s’en sert pour dénigrer toute la gauche, comme si cette gauche ne comprenait que les « wokes » — ce qui est faux, car la vraie gauche, c’est la gauche universaliste.
Pour une présentation plus étoffée du « wokisme », voir :
- Mon blogue Les « Woke » ne sont pas de gauche.
- Le volume Identité, « race », liberté d’expression, un ouvrage collectif disponible aux Presses de l’Université Laval.
Autres liens
- Le wokisme, ce recul déguisé en progrès, Marc Simard, Libre Média, 2022-10-08.
« En fait, le métissage est une menace pour le wokisme, dont la vision du monde est étroitement ancrée dans l’appartenance raciale. Le métis est la némésis du woke. » - Censure dans les universités: l’heure n’est plus aux anecdotes, Gina Cormier, Helen Thai, Alix Wong-Min, Yangyilin Guo, Ayse Turkoglu, étudiantes en psychologie à l’Université McGill, Journal de Montréal, 2022-05-05.
- L’école pour la liberté, contre l’obscurantisme, Jean-Michel Blanquer et Jean-François Roberge, Le Devoir, 2021-10-22.
Les auteurs sont respectivement ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports de la France ; ministre de l’Éducation du Québec.
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