2021-12-21
La nomination récente d’Azimuddin Hussain à la magistrature de la Cour supérieure du Québec révèle un parti pris extrême.
Summary in English The recent appointment of Azimuddin Hussain to the bench of Quebec Superior Court reveals extreme bias. This blog is available in English: Unworthy To Be a Judge.
Hier (20 décembre 2021) nous avons appris la nouvelle : l’avocat Azimuddin Hussain vient d’être nommé juge à la Cour supérieure du Québec. Hussain a fait la une des journaux il y a un an, lorsqu’en novembre et décembre 2020, il a représenté un opposant à la Loi 21 devant ce même tribunal. Dans ses commentaires devant la cour, Hussain a fait un parallèle bizarre entre la Loi 21 et les lois de Nuremberg adoptées par l’Allemagne nazie en 1935. En somme, Hussain a observé que les lois de Nuremberg ont conduit au génocide et à l’holocauste, laissant ainsi comprendre que cette Loi 21 pourrait avoir des conséquences aussi néfastes.
Rappelons que les lois de Nuremberg refusaient la citoyenneté allemande aux Juifs (ainsi qu’aux Roms et aux Noirs) et interdisaient les mariages mixtes et les relations extraconjugales entre Juifs et Allemands. Par contre, la Loi 21 exige que certains fonctionnaires et enseignants retirent, lorsqu’ils sont au travail, tout signe religieux qu’ils porteraient normalement. C’est tout. La Loi 21 ne s’applique pas en dehors du travail.
Les propos de Hussain ont été bien plus sérieux qu’une simple comparaison entre deux choses disparates. C’est plutôt comme s’il avait mis sur un pied d’égalité une théière et un Tyrannosaurus rex. Pour ne rien arranger, le juge Marc-André Blanchard ne s’y est opposé en aucune façon. Cet incident s’inscrit dans le cadre de la campagne générale, menée par les opposants à la laïcité, pour dénigrer et diaboliser la Loi 21 et ses partisans.
Hussain a fait son commentaire un vendredi. Le lundi matin suivant, il a affirmé qu’il avait été mal interprété par les médias. Alors le juge lui a répondu : « Je vous assure que j’ai compris vos comparaisons comme étant purement rhétoriques. » À mon avis, cela constitue un sérieux biais et un manque de jugement majeur de la part de Blanchard.
Cependant, d’autres incidents sont survenus durant ce procès de la Cour supérieure, des échanges sans doute aussi graves, voire pires. À un moment donné, Hussain, dans sa détermination à discréditer le témoignage du témoin expert (pour le MLQ) Jacques Beauchemin, l’a qualifié de « homme blanc hétérosexuel plus âgé qui ne porte aucun signe religieux ». Lors d’une précédente audience du tribunal, Hussain a également déprécié un autre témoin expert, le professeur Georges-Auguste Legault, en le traitant d’« homme blanc » afin de discréditer son témoignage. Étant donné que le sexe, l’âge, la couleur de peau et l’orientation sexuelle n’ont aucune pertinence dans ce contexte, les commentaires de Hussain étaient totalement inappropriés. Ce qui est encore plus troublant, c’est que le juge Blanchard a écouté tout cela passivement, n’y faisant aucune objection, aucune tentative de réprimander Hussain pour son comportement inapproprié.
À mon avis, pour les raisons ci-dessus, ainsi que pour de nombreux autres aspects de ce procès l’année dernière, le juge Blanchard ainsi que Azimuddin Hussain doivent être considérés comme indignes du poste de juge à la Cour supérieure du Québec. Tous deux manquent de l’objectivité nécessaire pour occuper ce poste.
La nomination de Hussain révèle également que le ministre fédéral de la justice David Lametti et ceux qui l’ont conseillé doivent aussi être extrêmement biaisés.
Liens pertinents
- Une orgie d’hyperbole haineuse — Journal du procès Hak contre PGQ, semaine 5
- Les non-dits du procès contre la Loi 21
- LPA dénonce la nature théologique du jugement de la Cour supérieure du Québec concernant la Loi 21
- Cour supérieure du Québec, Jugement sur la Loi 21, Comprendre le jugement rendu par le juge Marc-André Blanchard, le 20 avril 2021
Prochain blogue: Religious Symbol & Face-Covering Bans in Other Countries
Cette nomination est conforme au plan du gouvernement fédéral de “paqueter” les cours de justice avec des juges anti-laïcité. En juin dernier, le gouvernement Trudeau nommait Mahmud Jamal, juge à la Cour suprême du Canada. On a évidemment célébrer la diversité que cette nomination apportait à la Cour suprême. Mahmud Jamal était aussi l’avocat de Multani, l’étudiant Sikh qui voulait amener son couteau sacré (kirpan) à l’école. On connait la suite la Cour suprême a choisi le privilège religieux au dépens de la sécurité des enfants. Comme on peut le constater la laïcité ne fait pas parti de la diversité muticulturaliste et la Loi 21 se dirige vers la Cour suprême.