Sur l’extrémisme trans

La théorie du genre est-elle la nouvelle thérapie de conversion ?

2023-06-16
2023-06-29, ajout d’un lien

Le mouvement trans est irrémédiablement corrompu par la pseudo-gauche anti-Lumières et par la Théorie du genre, l’entraînant dans une direction extrémiste, irrationnelle et misogyne, voire apparemment homophobe.

Summary in English
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The trans movement has been hopelessly corrupted by the anti-Enlightenment pseudo-left and by Gender Theory, leading it in an extremist, irrational direction which is misogynistic and even apparently homophobic.

La situation actuelle a assez duré. Nous devons dénoncer l’extrémisme insensé du mouvement trans.

En 1972, alors que je vivais à Ottawa et que j’étais très actif au sein de l’organisation de défense des droits des homosexuels Gays of Ottawa (qui a ensuite changé son nom pour devenir Lesbians and Gays of Ottawa), j’ai rencontré, pour la première fois, une personne que je savais trans. J’ai reçu la visite d’un jeune individu transgenre femme-à-homme dans mon appartement du Collège Pestalozzi. Nous avons bavardé et discuté pendant plusieurs heures. Je ne me souviens plus de son nom. Ce dont je me souviens le plus clairement, c’est que les attitudes négatives auxquelles il a dû faire face, en tant que transgenre, étaient très similaires à celles auxquelles j’étais confronté en tant qu’homosexuel : les préjugés basés sur des stéréotypes sexuels sur la façon dont les hommes doivent se comporter et comment les femmes doivent se comporter, et malheur à quiconque viole ces règles. Passé d’un genre à l’autre, il avait violé la démarcation infranchissable entre les genres — si je peux l’appeler ainsi — d’une manière radicale et socialement « répugnante ». Étant gai, attiré sexuellement par d’autres hommes, j’avais moi aussi violé cette démarcation, bien que de manière moins visible. J’ai ressenti un fort lien de solidarité, malgré la nature différente de nos « transgressions ».

Quelques années plus tard, vivant à Vancouver en C.-B. et militant au sein de la Gay Alliance Toward Equality (GATE), j’ai assisté à un événement à Seattle organisé par l’Union of Sexual Minorities (USM). J’y ai été témoin d’un affrontement dont je n’ai pas saisi pleinement les implications à l’époque mais dont j’étais convaincu qu’il était significatif. Une conférencière, une femme trans, expliquait qu’après une certaine période de vie en tant que femme, elle se considérait pleinement femme. Cependant, un groupe de lesbiennes dans la salle a réagi à cela avec colère. Comment quelqu’un né de sexe masculin et qui a vécu la majeure partie de sa vie en tant qu’homme peut-il prétendre parler en tant que femme ? L’animatrice de l’événement a rejeté ces préoccupations sur-le-champ, déclarant que le point de vue de la conférencière était une position féministe correcte.

Aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, beaucoup de choses ont changé. Au Canada et dans de nombreux pays occidentaux, être gai n’est pas seulement accepté, c’est maintenant pratiquement à la mode et ce, depuis plusieurs années, bien que des lois et des attitudes homophobes draconiennes persistent dans de nombreux autres pays (tels que des pays d’Europe de l’Est, les pays à majorité musulmane et certaines parties de l’Afrique). Les personnes trans aussi sont désormais acceptées, bien que plus récemment. Mais il y a un problème. Un énorme problème.

L’abandon de l’objectivité

En plus d’une plus grande acceptation des minorités sexuelles, le XXIe siècle a vu la propagation d’une mouvance politique bizarre — que beaucoup appellent le « wokisme » mais que je préfère appeler plutôt la pseudo-gauche anti-Lumières, car c’est bien de cela qu’il s’agit : une mouvance qui se revendique de la gauche politique mais qui a rejeté les idéaux et les valeurs des Lumières qui constituent la définition même de cette gauche.

Cette mentalité anti-Lumières, fortement influencée par la philosophie postmoderne, valorise la subjectivité personnelle aux dépens de l’objectivité, l’émotion plutôt que la raison, et a gravement déformé de nombreux mouvements sociaux. Une composante particulière de cette mentalité, connue sous le nom de Théorie du genre (TG), a particulièrement miné le mouvement LGBT (lesbien-gai-bisexuel-trans). Partant du constat que les rôles des genres — c’est-à-dire les différentes manières dont les hommes et les femmes sont censés se comporter — sont socialement déterminés, la TG a fait un saut irrationnel en déclarant que le sexe lui-même — c’est-à-dire être mâle ou femelle — serait, lui aussi, une construction sociale. Cette conclusion est manifestement fausse, car mâle et femelle sont des catégories biologiques distinctes.

À contre-courant de la réalité biologique, les théoriciens du genre affirment que le sexe d’un individu est « assigné » à la naissance. Mais, quelle foutaise ! Le sexe du nouveau-né est constaté, non pas assigné. L’existence d’individus intersexués et la possibilité concomitante d’une constatation erronée — des phénomènes rares en effet — ne font que souligner la nature binaire du sexe.

Selon les termes du Projet Nettie, un registre de scientifiques, de personnel médical et d’autres qui affirment la réalité matérielle du sexe biologique, « Les tentatives de redéfinition du sexe biologique en tant que construction sociale, qui devient alors une question d’identité individuelle choisie, sont totalement idéologiques, scientifiquement inexactes et socialement irresponsables. »

Conséquences désastreuses

Les conséquences de cette théorie sont désastreuses. Le mouvement pour les droits des trans avait autrefois des objectifs éminemment raisonnables, tels que des soins médicaux de qualité pour les adultes atteints de dysphorie de genre, les aidant à faire la transition, sous la condition de leur consentement éclairé à une telle transition ; et la prévention de la discrimination, dans le logement et dans l’emploi, contre les personnes en transition ou ayant transitionné. Mais plus récemment, les militants trans, ou du moins ceux qui monopolisent la conversation, sont devenus extrémistes dans leurs revendications, ce qui a entraîné au moins deux problèmes majeurs :

  1. Auto-identification: Une personne est désormais considérée comme appartenant à un certain sexe sur la base d’une simple auto-déclaration. Donc, un homme peut devenir femme (ou vice versa) simplement en le déclarant. Il n’y a aucun contrôle. C’est une porte ouverte aux abus. Cela permet aux prédateurs mâles hétérosexuels d’accéder facilement aux espaces réservés aux femmes. Cela permet également aux athlètes masculins médiocres de concourir et de gagner facilement dans les sports féminins.
  2. Transition des mineurs: Sur la base de soi-disant « soins d’affirmation de genre », les adolescents sont autorisés à commencer sur la voie de la transition — impliquant souvent des médicaments bloqueurs de puberté avec des effets secondaires potentiellement dangereux, éventuellement irréversibles et impliquant parfois une intervention chirurgicale qui mutile le corps, y compris les organes génitaux. Ces personnes sont des mineurs, trop jeunes pour donner un consentement éclairé à des procédures aussi importantes. Les statistiques montrent que (1) si ces procédures sont retardées de plusieurs années, la plupart des cas se résolvent avec le temps et l’individu grandit simplement pour devenir un adulte homosexuel sans dysphorie de genre et (2) la probabilité qu’un mineur atteint de dysphorie apparente se suicide est bien moins élevée que ce que prétendent de nombreux militants trans.

Moins sérieuse, mais très révélatrice de l’absurdité de la TG, est la mode actuelle de déclarer ses pronoms. Il serait peut-être utile d’avoir un ensemble de pronoms neutres qui pourraient être utilisés pour désigner les personnes qui préfèrent ne pas être étiquetées hommes ou femmes pour quelque raison que ce soit. Cela permettrait à une personne de choisir l’un des trois ensembles de pronoms disponibles : masculin, féminin et neutre. Cependant, les extrémistes trans vont bien au-delà de cette idée, s’attendant à ce que les individus choisissent des pronoms personnalisés, qui peuvent être uniques et différents de tous les autres, et exigeant que tout le monde utilise ces pronoms lorsqu’on s’adresse à cet individu (et si on se trompe ou qu’on refuse, on sera accusé de transphobie). Forcer les autres à se souvenir et à utiliser des pronoms personnalisés est une absurdité narcissique.

Les hommes et les « non-hommes »

Ce ne sont pas les seuls problèmes. Le refus de reconnaître la binarité du sexe conduit à l’effacement des femmes et parfois même des homosexuels. Le mot « femme » commence à disparaître, remplacé par des expressions ridicules telles que « personne qui accouche » ou « non-homme ». Incroyablement, dans un glossaire LGBTQ, sur le site web de l’Université John Hopkins, le mot « lesbienne » est défini comme « un non-homme attiré par des non-hommes » (“A non-man attracted to non-men”). Par ailleurs, ce même glossaire ne comporte aucune définition du mot « sexe » mais dispose bien d’un article définissant l’expression « Sexe assigné à la naissance ».

Les lesbiennes qui ne souhaitent pas avoir de relations sexuelles avec des femmes trans, c’est-à-dire biologiquement mâles, sont accusées de transphobie. Qu’est-il advenu du respect du consentement ? Les extrémistes trans calomnient régulièrement les détracteurs de la Théorie du genre de la manière la plus atroce, appelant parfois même à leur mort (« Kill TERFs » où les détracteurs de la TG sont appelés TERFs = « Trans Exclusionary Radical Feminists ») — en d’autres termes, prônant le génocide des féministes. Et pourtant, hypocritement, certains extrémistes trans accusent les détracteurs de la TG de promouvoir le génocide des personnes trans !

L’essentiel est le suivant : l’extrémisme trans est devenu misogyne et parfois homophobe. En particulier, lorsque les « soins d’affirmation de genre » conduisent à des procédures médicales inutiles et invasives, ils deviennent en réalité une forme de thérapie de conversion, transformant une personne qui normalement serait devenue homosexuelle en un ersatz d’hétérosexuel. Cela constitue une faute professionnelle médicale et une maltraitance médicale de l’enfant.

Cette faute professionnelle flagrante, basée sur une pseudoscience évidente, a assez duré. Il faut que ça s’arrête. En particulier, l’auto-identification doit cesser et la transition des mineurs doit être soumise à une surveillance médicale beaucoup plus stricte ou peut-être complètement interdite. Plusieurs pays européens (p. ex. Finlande, Suède, Angleterre, etc.) ont déjà pris des mesures pour restreindre l’accès aux bloqueurs de puberté, aux hormones sexuelles et aux chirurgies pour les mineurs.

L’un des résultats les plus dangereux, mais pas du tout surprenant, de l’extrémisme trans est l’essor de la droite politique homophobe (souvent religieuse). Face à des revendications outrancières qui discréditent le mouvement trans, et avec lui l’ensemble du mouvement LGBT, les homophobes sont grandement enhardis et renforcés. Les extrémistes trans et leurs alliés sont eux-mêmes en partie responsables de la vague de législation anti-gais et anti-trans que nous voyons dans certaines parties des États-Unis et dans d’autres pays.

L’émotivité l’emporte sur la rationalité, la diffamation remplace le débat

L’extrême irrationalité et l’hystérie dont font preuve les extrémistes trans et leurs « alliés » rappellent beaucoup l’opposition hystérique à la loi québécoise sur la laïcité, la Loi 21, dont les partisans sont souvent la cible d’accusations absurdes de « racisme » (pire que fausse, c’est aussi une erreur de catégorie) et d’autres péchés. Dans les deux cas, l’extrémisme trans et l’antilaïcité, l’émotivité l’emporte sur la rationalité, rendant le débat raisonné pratiquement impossible. Dans les deux cas, des accusations diffamatoires de diverses « phobies » et des mots à la mode vides de sens tels que « diversité » et « inclusion » sont galvaudés pour faire taire l’opposition.

Pendant ce temps, la pseudo-gauche anti-Lumières s’est, sans surprise également, montrée totalement incapable de nuancer. Au lieu de soutenir uniquement les demandes trans qui sont raisonnables (telles que des soins médicaux de qualité et la non-discrimination), les soi-disant « réveillés » sont devenus fous, approuvant sans réserve la Théorie du genre et embrassant, à fond, même ses conséquences les plus négatives.

Il faut dénoncer ces dérives.


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