Comprendre le « wokisme » à l’ère du MAGA

Les opposants à MAGA doivent changer de cap s’ils veulent gagner les prochaines élections américaines.

2025-04-29

En faisant la promotion de deux idéologies irrationnelles, le néoracisme et le déni de la binarité du sexe, les opposants à MAGA ont permis à Trump d’occuper une position morale supérieure sur ces questions. Grâce à la post-gauche, Trump et ses alliés MAGA peuvent prétendre protéger les droits des femmes et des enfants et lutter contre le racisme.

Summary in English By promoting two irrational ideologies, neoracism and sex-binary denialism, the opponents of MAGA have allowed Trump to occupy the moral high ground on these issues. Thanks to the post-left, Trump and his MAGA allies can claim to be protecting women’s and children’s rights and fighting against racism.
(This blog is also available in English.)

J’ai écrit à plusieurs reprises sur la mouvance qui prétend représenter la gauche politique, mais qui a abandonné les principes mêmes sur lesquels la gauche a été fondée — tels que l’universalisme, l’objectivité, la laïcité et la liberté d’expression. On appelle souvent cette mouvance politique « wokisme », mais je préfère le terme post-gauche ou pseudo-gauche anti-Lumières. Maintenant que Donald Trump et ses collaborateurs du MAGA (« Make America Great Again ») ont pris le pouvoir aux États-Unis, nous avons une grande puissance dont le gouvernement est explicitement — ​​ou du moins se prétend — « anti-woke ». La situation a donc changé, mais beaucoup de choses restent inchangées.

Les gens de la post-gauche et les types MAGA qu’ils calomnient partagent certaines caractéristiques communes telles que leur illibéralisme et leur manque d’objectivité. En particulier, les deux groupes considèrent que les « wokes » constituent la gauche politique, tout comme le prétendent les post-gauchistes. Cela flatte l’orgueuil de ces derniers, tandis que la droite politique (comme MAGA) adore cette idée, car elle lui permet de dénigrer la « gauche » comme irrationnelle et parfois démente, comme c’est d’ailleurs souvent le cas des post-gauchistes. Aux États-Unis, il n’y a plus vraiment de gauche.

Dans les semaines qui ont suivi son accession à la présidence des États-Unis le 20 janvier 2025, Donald Trump a émis une série de décrets sur divers sujets, en particulier les deux sujets suivants.

  1. Le racisme et l’antiracisme, abordés par les documents suivants :
  2. L’idéologie du genre, abordée par les documents suivants :

Ces directives trumpiennes constituent des attaques frontales contre deux idéologies glorifiées par la post-gauche.
(1) Le néoracisme ou le racialisme, le fondement théorique des programmes ÉDI (Équité, Diversité et Inclusion), une idéologie qui se prétend antiraciste mais qui en réalité attise le racisme en rejetant l’indifférence à la couleur de la peau, en accordant à l’identité raciale une importance primordiale et en affirmant que seules les personnes « blanches » peuvent être racistes et sont en fait inévitablement et essentiellement racistes, de naissance !
(2) Le déni de la binarité du sexe, c’est-à-dire la thèse que le sexe biologique ne serait pas binaire. Cette thèse constitue le fondement théorique de la politique insensée d’auto-identification, qui permet à une personne de changer de sexe par une simple déclaration verbale, ainsi que de la pratique nuisible d’appliquer aux mineurs des « soins d’affirmation de genre ». Ces « soins » sont généralement un euphémisme pour désigner les mutilations médicales, utilisant la chirurgie ou des médicaments puissants, qui ne devraient être appliquées que rarement, voire jamais, aux personnes mineures.

En promouvant ces deux idéologies irrationnelles, le néoracisme et le déni de la binarité du sexe, les opposants à MAGA ont permis à Trump d’occuper une position moralement supérieure sur ces deux questions. Grâce à la post-gauche, Trump et ses alliés MAGA peuvent prétendre protéger les droits des femmes et des enfants et lutter contre le racisme. Grâce au soutien du Parti Démocrate à ces deux idéologies absurdes, de nombreux électeurs, d’abord indécis, ont finalement voté pour Trump lors de l’élection de novembre 2024. Comme l’a souligné l’humoriste Bill Maher, d’une franchise décapante, lors de cette élection où les Démocrates et Trump le fou se disputaient le pouvoir, l’électorat a jugé que les Démocrates étaient encore plus fous que Trump. Résultat : la présidence d’une nation très puissante est désormais occupée par un imbécile instable, narcissique et incompétent.

L’une des décisions de ce régime MAGA incompétent a été de lancer une campagne de censure, interdisant ces centaines de mots et d’expressions sur les sites web gouvernementaux and dans les documents officiels. Désormais, des termes comme avortement, crise climatique, diversité, ÉDI, équité, féminisme, gai, genre, Golfe du Mexique, inclusion, intersectionnalité, race, trans, vaccin et bien d’autres sont interdits. Cette campagne, évidemment absurde, constitue une grave menace pour la liberté d’expression dans ce pays. Comment les Américains peuvent-ils commenter et critiquer les idéologies promues par la post-gauche, idéologies auxquelles les partisans MAGA prétendent s’opposer, s’ils ne peuvent même pas utiliser les mots nécessaires pour les décrire ?

…ils sont éthiquement et objectivement obligés de cesser de soutenir ces deux idéologies. Les programmes ÉDI sont racistes. Le déni de la binarité du sexe est pseudoscientifique…

Si les Démocrates veulent remporter les prochaines élections — celle de mi-mandat en 2026 ou la présidentielle de 2028 — ils devront prendre les choses au sérieux et abandonner leur soutien au néoracisme et au déni de la binarité du sexe. Même indépendamment des élections, ils sont éthiquement et objectivement obligés de cesser de soutenir ces deux idéologies. Les programmes ÉDI sont racistes. Le déni de la binarité du sexe est pseudoscientifique, tandis que l’auto-identification porte atteinte aux droits humains. Pis encore, les partisans de ces idéologies sont si dogmatiques qu’ils diffament souvent quiconque exprime le moindre désaccord.

Les opposants à Trump et à ses complices MAGA apprendront-ils de leurs erreurs passées et se montreront-ils plus intelligents à l’avenir ? Je ne suis pas optimiste. Je m’attends à ce qu’ils redoublent d’efforts et continuent de soutenir des idéologies fausses et néfastes, tout en se prétendant la voix de la raison et de la vertu. J’espère me tromper.

Épilogue

Le 28 avril 2025, lors des élections fédérales au Canada, le Parti libéral (PLC) a gagné (mais reste apparemment minoritaire au Parlement). Avant les récentes menaces de Trump d’imposer des droits de douane ou d’annexer le Canada, les sondages indiquaient que le PLC perdrait gros et que le Parti conservateur (PCC) formerait le prochain gouvernement. Mais le nouveau chef libéral Mark Carney a instrumentalisé la peur de Trump pour en faire le thème central de sa campagne. Les Libéraux ont aussi dépeint le chef conservateur Pierre Poilievre comme une sorte de version canadienne de Trump. Le PCC a fait des gains importants (toutefois insuffisants pour dépasser le PLC), mais Poilievre lui-même n’a même pas regagné le siège au parlement qu’il occupait depuis une vingtaine d’années.

Le résultat a été assez « binaire », le PLC et le PCC raflant presque tous les votes, laissant très peu aux autres partis politiques. L’on constate ainsi l’étendue des conséquences de la présidence de Trump.


Next blog: TBA

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *